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19 octobre 2012

Chapitre 3

Aucun rêve ne peut se soumettre à la réalité. Dans les rêves, les choses sont mouvantes, vraies et trompeuses à la fois. Mais dans le réel, elles peuvent être magnifiques. Simplement magnifiques.

C'était une vérité difficile à appréhender. Gabrielle n'arrivait pas à s'en convaincre. Pour elle, les rêves possédaient une supériorité indéniable sur la réalité. Ils lui permettaient de rester libre. Ce ne fut sans doute pas le moindre mérite de leur rencontre que de la libérer de ses illusions.

Pourtant, était-ce vraiment une rencontre ? Ne s'agissait-il pas plutôt d'un rêve qu'elle poursuivait ? Elle n'aurait su le dire. Très vite, d'ailleurs, elle n'y attacha plus d'importance. L'instant arriva où rêve et réalité se confondirent dans une immense clarté qui lui sembla d'une évidence confondante. A leur deuxième rencontre, le destin était consommé. Cette fois-ci, Gabrielle recherchait l'homme silencieux et farouche qui nourrissait ses rêves. Elle voulait le voir, et le redoutait en même temps. Elle savait qu'il ne soupçonnerait pas sa présence, mais cela n'empêchait pas son cœur de battre follement, ni ses paumes de transpirer. Elle choisit son habituel point d'observation, au sommet de la colline ; arqueboutée contre le froid, elle attendit. Elle attendit longtemps, si longtemps que le givre perlait à ses paupières. Elle vit les palefreniers effectuer leur promenade quotidienne, mais iln'était pas parmi eux. Elle en était sûre, elle savait qu'elle l'aurait reconnu. Elle fut surprise d'en ressentir une telle déception. Qu'espérait-elle donc de le revoir ainsi, en cachette, comme une voleuse ? Rien, et tellement à la fois. Une lueur dans sa nuit interminable. Un soupçon d'étrangeté pour effacer le quotidien si morne de son existence cloîtrée. Quelque chose, enfin, quelque chose. Alors elle ne se rendit au froid que lorsque le dernier palefrenier disparut, déçue et frustrée de cette attente sans but, son rêve perdant un peu de chaleur. Elle reprit le chemin du château. Elle longea la haie d'aubépines dont l'odeur demeurait pour elle synonyme de prison, bifurqua vers l'allée qui contournait l'étang gelé, cherchant à retarder les retrouvailles avec sa dame de compagnie. Comme elle s'immobilisait pour observer le ciel, elle entendit un frémissement sous les arbres. Elle pivota, surprise, déjà effrayée. Et elle le vit. Debout, une main sur sa poitrine, l'autre retenant une branche chargée de neige, il la fixait de son regard hallucinant. Gabrielle resta muette. Elle ne l'avait pas imaginé si grand, ni si majestueux dans sa tenue d'écuyer. Il aurait presque pu passer pour un aristocrate. Mais il ne se conduisait pas comme tel. Sans la saluer, sans même marquer son rang d'une quelconque manière, il déclara soudain, avec calme :

 

« Merci. »

 

Ce fut tout. Un simple mot. Gabrielle l'entendit à peine, et ne comprit pas ce qui l'avait provoqué. Cet inconnu la remerciait, mais elle ignorait de quoi. Il lui sembla que cela n'avait aucune importance, parce qu'après tout, il était là.

 

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle dans un murmure.

 

L'homme baissa la tête sans répondre. Il ne manifestait aucune intention de partir, il se tenait simplement là, immobile et silencieux. Gabrielle n'arrivait pas à croire à la réalité de son apparition. Elle ne voulait qu'une chose : connaître son nom, savoir enfin qui il était. Mais elle ne savait comment le découvrir.

 

« S'il-vous-plait, reprit-elle, dites-moi qui vous êtes. Dites-moi quelque chose ».

 

« Je suis votre serviteur. » déclara l'homme.

 

Une formule dont Gabrielle ne devait saisir le véritable sens que bien plus tard. Elle l'avait déjà entendue cent fois, dans la bouche d'hommes et de femmes qui étaient censés la défendre et qui la retenaient prisonnière de ce château. Elle n'y accordait aucune valeur depuis longtemps. Il s'agissait d'une phrase d'allégeance destinée à honorer son rang, et non elle-même. Elle fut déçue de l'entendre prononcée par le palefrenier. Elle ignorait ce que les mots signifiaient pour cet inconnu.

 

 

« Non, je veux savoir qui vous êtes. » insista-t-elle en s'avançant hardiment.

 

Après tout, elle était de sang royal. La voix de l'autorité s'exprimait par sa bouche. Elle n'en avait pas conscience, mais c'était ainsi que le percevait son entourage. Et sans le vouloir, elle provoqua exactement ce qu'elle redoutait.

 

« Je suis votre serviteur. » répéta l'homme.

 

Il avait une belle voix grave, presque rauque, qui flirtait avec le murmure. Sur ces mots sans grande portée, il recula, disparaissant comme à leur première rencontre.

 

« Attendez ! » protesta Gabrielle.

 

Son cri intervint trop tard. L'homme était déjà parti. Il laissait derrière lui le souvenir d'une voix, ample et sensuelle, et une frustration bien plus intense qu'avant son apparition. Pourtant, Gabrielle savait à présent qu'il était réel. Et que pénétrer dans le parc ne représentait apparemment pour lui aucune difficulté. Elle était presque sûre de le revoir un jour. Cet espoir rendit son cœur plus gai.

 

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